Terr’Agapée, une amoureuse de la terre!

Comment es-tu devenue créatrice? Quel est ton parcours?

Architecte spécialisée dans l’éco-construction depuis des années. J’ai eu la chance pendant mes études d’architecture, d’explorer le modelage et j’ai conservé dans un coin de ma tête le rêve d’aller plus loin dans cette pratique. Il y a 8 ans maintenant j’ai fait construire ma propre maison en ossature bois, remplissage paille avec des enduits terre intérieurs.

Je l’ai réalisée en chantier participatif et j’ai pu mettre les mains dans la terre à nouveau pour mon plus grand plaisir! Cette maison sur laquelle j’ai beaucoup œuvré m’a ravivé l’envie de faire avec les mains. Je l’ai construite avec les moyens que j’avais et dans la sobriété pour être plus autonome au quotidien et pouvoir réaliser mes choix professionnels en conscience, sans pression et dans le respect de mes aspirations.

Dans cette continuité, je me suis permis une formation de potière, sous la forme de loisir mais très vite cela m’a passionné et j’ai pris le temps de me perfectionner pendant 3 ans. C’est pendant le premier confinement que j’ai craqué, je commençais à maîtriser le geste et je craignais de le perdre. J’ai profité de ce temps de latence pour achever mon atelier qui était un auvent et pour commander mon tour enfin! A suivre, printemps et été, j’ai dessiné ma première collection et commencé à produire de nombreuses pièces. Il a fallu se poser la question de les cuire et d’investir dans un four qui me conviendrait.

Ce dernier m’a été livré en septembre et mes premières cuissons datent d’octobre…Octobre, second confinement, moment que choisit la présidente d’une association d’artisans d’art de mon village pour me proposer de faire partie de l’équipe et de la boutique qu’ils pensent ouvrir pour Noel. Bref, à peine mes pièces sortaient-elles du four, qu’on me proposait de les exposer et d’exister en tant que potière. J’ai créée Terr’Agapée fin novembre 2020.

Depuis, j’ai exposé à Beaulieu les Loches dans notre boutique «Rues des Arts» et en même temps à Amboise chez «Couleurs d’Artisans» et j’ai participé à de nombreux marchés de créateurs et évènements locaux. J’ouvre les portes de mon atelier chaque année pour les JEMA et pour le parcours «Rues des Arts» qui a lieu cette année les 20 et 21 août.

Comment te définis-tu en tant qu’artiste? Parle-nous de ton univers

Je me sens amoureuse de la terre et j’aspire à la mettre en lumière dans son état le plus brut. Adepte de la philosophie de Mies Van der Rohe «Less is more», je recherche des formes épurées et harmonieuses en travaillant avec les proportions du nombre d’or ou de la géométrie sacrée. J’accompagne les étapes de la création d’une dimension énergétique, par de petits rituels et intentions. Agapè désigne l’amour universel que j’insuffle de tout mon cœur à mes créations. Désireuse de proposer des contenants pour accompagner le quotidien et sacraliser les temps de ressourcement.

Quelles sont tes matières de prédilection et tes techniques de travail?

Je laisse le grès à nu et je travaille plusieurs types de grès pour le plaisir du contact dès le tournage, car chaque grès a une plasticité différente et pour mettre à l’honneur la diversité des terres possibles, et des teintes naturelles et harmonieuses qu’elles proposent. Je les amène en fin de température de cuisson afin qu’ils soient parfaitement grésés et étanches naturellement, ce qui permet d’éviter de travailler les émaux, pleins de métaux lourds et de minimiser l’impact écologique énergétique en supprimant la cuisson de biscuit (jusqu’à 960 °, sur 24 H) nécessaire à l’émaillage.

Cela me semble plus cohérent avec mes valeurs. Je me pose la question de poser des panneaux photovoltaïques pour aller au bout de l’idée de moindre impact. Ainsi mes pièces permettent de retrouver le contact avec la terre (mère) et d’apprécier les différentes sensations tactiles et sensuelles que chaque grès propose.

De l’idée à la réalisation, tu nous expliques ton processus de création?

La dernière collection Eclosion symbolise à mon cœur, la proposition de briser nos coquilles d’habitudes, de certitudes ou de peurs dans un envol vers un horizon plus léger, plus pur et plus doux, comme une renaissance. Briser la coquille pour mieux renaître à soi-même, ce qui correspond pleinement à mon propre parcours.

Les envies de création sont assez intuitives. Je vais dans l’atelier et je laisse venir ou naître de nouvelles explorations au fil des jours et des moments de pratique. J’anticipe rarement par le dessin

Quelles sont tes principales sources d’inspiration?

Inspirée en premier lieu par la nature qui me ressource et m’apaise. J’écoute mon cœur et ce qu’il me propose en confiance. Emue devant les réalisations de céramistes qui osent explorer la matière brute et toutes les techniques qui la révèlent, dans sa robustesse comme dans sa fragilité.

Assiette

Parle-nous de tes projets à venir?

La série Eclosion s’est transformée assez naturellement en «cocons de lumières» en inversant la coquille pour la suspendre. Je souhaiterai prendre le temps de travailler un peu plus la matière de ces coquilles et jouer peut-être de transparences en testant la porcelaine.

Qu’est-ce qui fait la particularité de tes créations?

La simplicité et la sensualité du grès nu et de ses déclinaisons de couleurs douces et naturelles. Et pour ceux qui y seront sensibles, la dimension subtile et d’amour que j’insuffle à mes céramiques.

Quel objet insolite pourrait-on trouver dans ton atelier?

Un cristal de roche dans mon eau de tournage.

Petit défi: « 3 mots pour décrire ou définir vos créations »

Terre-mère, sensualité et amour !

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