Leezie Bijoux, des créations fonctionnelles et symboliques

Comment es-tu devenue créatrice ? Quel est ton parcours ?

Je dessine depuis toute petite. Ma maman qui n’est pas spécialement une artiste mais qui a toujours fait de la couture, du point de croix, bref des travaux manuels, m’a emmenée voir plein d’expos, m’a transmis cette culture de l’art et de l’artisanat en général. J’étais fan de Monet, Gustave Moreau, Klimt…Ado je me suis passionnée pour les comics comme Witch blade, Fathom, puis pour le graffiti.

J’ai fait des études aux Beaux-Arts jusqu’en 2001 mais ça n’était pas ce que j’attendais : je voulais apprendre des techniques, on nous formait surtout à être “artistes”, à nous vendre en tant que personne torturée et mal dans sa peau, ça ne me parlait pas. Je me suis orientée ensuite vers le merchandising visuel, puis j’ai arrêté en 2011 pour élever mes enfants. En parallèle, en 2007, j’avais eu la chance d’apprendre les bases de la bijouterie avec Anjuna, la pionnière des bijoux hip-hop.

Ensuite je me suis perfectionnée en autodidacte grâce au forum internet bijoux à la cheville qui m’a énormément appris. Depuis j’apprends des nouvelles techniques selon les besoins ou les idées.

Comment te définis-tu en tant qu’artiste ? Parle-nous de ton univers

Je me sens plus artisane qu’artiste, pour moi l’important c’est la fonctionnalité de l’objet lié au symbole (un prénom, un mot, un motif…). Le fait qu’il soit solide et durable.

Tu peux nous en dire davantage sur tes matières de prédilection et tes techniques de travail ?

En tant que bijoutière j’ai tout de suite travaillé le métal. Le laiton d’abord car bon marché, puis l’argent. J’ai eu l’occasion d’utiliser de l’or assez récemment et j’ai découvert que c’est encore plus facile à travailler, notamment pour le polissage. Dommage que ça soit si cher… Ce n’est pas ce que les clients me commandent principalement mais ça peut m’arriver.

Je n’utilise pas la technique de la fonte à cire perdue car j’aime vraiment le travail du métal, le fait de le former, le scier… la brasure, la dureté de cette matière. Pour créer des volumes c’est plus difficile donc peut-être qu’un jour j’aurai l’occasion d’utiliser la cire.

De l’idée à la réalisation, tu nous expliques ton processus de création ?

Je pars toujours d’un dessin car j’en ai besoin pour concrétiser mon idée et poser les bases. C’est obligatoire quand je fabrique un motif, par exemple un prénom, ou une étoile, une fleur… Je me base sur une écriture, des lignes bien définies, des éléments graphiques en quelque sorte, et non pas sur une forme ou une idée. Ensuite je découpe une plaque à plat ou formée en arc pour une bague, je lime pour affiner le motif et lisser les bords, j’émerise puis je polis.

Quelles sont tes principales sources d’inspiration ?

A la base je dirais le fait d’écrire combiné au dessin. J’aime le tag et le graffiti mais ce n’est pas forcément ce que je propose en bijoux. Je préfère m’orienter vers de la calligraphie plus générale ou même des écritures simples car je ne veux pas me cantonner à un style trop spécifique.

Concernant les motifs j’ai un penchant pour les étoiles. J’aimerais aussi faire une petite collection autour du végétal car j’admire toutes les fleurs, mais je n’ai pas tellement le temps pour le moment.

Je suis fan des bijoux art nouveau (Lalique, Veyret), et je vois tellement de choses sur internet maintenant : Tournaire, Tulp, Flav… Je ne m’en inspire pas directement car je suis loin de maîtriser leurs techniques (on est dans le haut de gamme et la joaillerie) mais ça me motive à avancer et à apprendre tous les jours. Je suis émerveillée de voir tant de belles créations fabriquées de manière artisanale, avec amour et passion !

Parle-nous de tes projets à venir

J’ai un projet de longue date qui est de réaliser des bijoux en calligraphie arabe. Quelque chose d’original et unique car la plupart de ces bijoux sont proposés avec des écritures basiques (comme ceux en alphabet latin d’ailleurs !). Une collaboration est en cours avec une calligraphe franco-marocaine, Faith, qui a un très bon style (d’ailleurs inspiré de certains types de graffitis), et qui peut l’adapter à la fabrication de bijoux. Concernant la technique, j’ai commencé à apprendre le sertissage et plus précisément le serti clos. J’utilise pour l’instant des pierres assez massives, pour à terme pouvoir en sertir des plus petites et les intégrer à mes motifs ou à des prénoms. Je m’essaie aussi au serti griffe, c’est tout un art qui demande beaucoup de patience !

Qu’est-ce qui fait la particularité de tes créations ?

Peut-être mes inspirations artistiques diverses, qui se ressentent dans mes bijoux. L’utilisation de calligraphies uniques car faites sur demande par des professionnels. J’essaie de rester dans des styles discrets et fins, intemporels, mais toujours avec une pointe d’originalité. Je fais quasi tout à la main ce qui est loin d’être le cas de pas mal de fabricants connus, ou pas, de bijoux prénoms bien qu’ils prétendent le contraire : la découpe peut être faite au laser et il suffit d’y mettre des anneaux à la main pour appeler ça “fait main”, et si la découpe est manuelle, j’ai un doute sur les finitions et la rémunération de la personne… Évidemment chacun a son budget donc tant mieux s’il y a des produits à tous les prix mais il ne faut pas tromper le client !

Collier Sirius

Quel objet insolite pourrait-on trouver dans ton atelier ? 

Alors : ma mère nous avait offert une petite boîte de caviar et m’a donné une cuillère en nacre car il parait que ça se mange avec ça. On l’a utilisée une fois et je ne savais pas où la ranger car c’est fragile, je me suis dit qu’avec mon stock de bijoux, c’était une bonne place 🙂

Petit défi : « 3 mots pour décrire ou définir tes créations 

Symbolique – sobre – délicat

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