Dialogue avec la matière, Lisa Rousseau

Comment es-tu devenue créatrice ? Quel est ton parcours ?

J’ai toujours voulu être artiste, aussi loin que je m’en souvienne, c’est donc tout naturellement que je me suis orientée en littéraire option arts plastiques au lycée. J’ai par la suite intégré une prépa arts plastiques dans le but de devenir artiste plasticienne. Après quelques échecs et une année de recherches en solo, j’ai postulé à plusieurs formations dont le DMA Fresque/Mosaïque à L’ENSAAMA Olivier de Serres, pensant qu’il s’agissait de peinture au mur et sur grand format. C’est lors de cette formation que j’ai découvert les techniques antiques de la fresque et de la mosaïque, le travail de la matière, de la chaux, du verre. J’ai alors su que j’avais trouvé mon mode d’expression et d’expérimentation, la voie dans laquelle je voulais inscrire mon travail artistique.

Comment te définis-tu en tant qu’artiste ? Parle-nous de ton univers 

Il n’y que depuis très peu de temps que je me qualifie d’artiste, je mettais au premier plan ma technique et donc n’abordais pas cette dimension. Mais aujourd’hui, je me définirais comme artiste fresquiste mosaïste, cela reflète à la fois tout l’aspect recherche et expérimentation de mon travail en gardant tout de même la notion de savoir-faire et de techniques millénaires J’inscris mes créations dans un univers sobre, épuré et subtile, le « presque rien ». J’aime le dialogue avec la matière, mettre en valeur la complexité d’un enduit ou la brillance du verre, en cela, j’utilise peu de couleurs, elles viennent souligner cette volonté de sobriété. Je m’intéresse aux paysages intérieurs, à l’impact d’une ligne d’horizon abstraite sur la psyché du spectateur, je fais appel à ses souvenirs, à son imagination pour qu’il puisse pleinement s’approprier une œuvre et lui conférer une histoire.

Tu peux nous en dire davantage sur tes matières de prédilection et tes techniques de travail ?

Je travaille principalement la chaux éteinte, le sable et la poudre de marbre selon la technique de la peinture dite « a fresco ». Ces éléments permettent de mettre en place une palette très large d’expression, l’enduit offre une multiplicité d’application, j’aime d’ailleurs le modifier, expérimenter pour me l’approprier au mieux dans mes créations. Pour ce qui est de la mosaïque, j’aime travailler la pâte de verre, la transparence et la brillance qu’elle offre. Je la mets en avant au sein de sculptures mosaïque. J’ai mis en place une technique de découpe et de pose des tesselles qui m’est propre et que j’ai développée pendant mes années de DSAA à L’ENSAAMA Olivier de Serres.

De l’idée à la réalisation, tu nous expliques ton processus de création ?

Je n’ai pas vraiment de processus créatif établi, je me laisse aller au gré de l’inspiration. Pour mes panneaux, je fais régulièrement appel à mes souvenirs de voyage, aux paysages, et aux sensations qu’ils m’ont procurées. J’aime travailler au préalable à l’aquarelle qui permet de laisser libre cours aux phénomènes aléatoires et aux accidents, cela nourrit ma recherche. En fait, j’aime composer avec la matière, établir un dialogue et adapter les motifs qui viendront la souligner. Je travaille également de cette manière en mosaïque.

Quelles sont tes principales sources d’inspiration ?

Je m’inspire principalement de paysages liés à mes souvenirs de voyages (Asie) ou encore de mon enfance (principalement les Côtes d’Armor), le rapport à l’élément eau et à la mer évoque toujours des ambiances apaisantes pour moi, c’est pourquoi j’aime les transcrire de manière abstraite dans mes travaux. D’un point de vue artistique, beaucoup d’artiste m’inspirent, notamment Pierre Soulages, Anish Kapoor ou encore Chiharu Shiota, leur rapport à l’espace, au monochrome et à la matière représente une base de références inépuisable.

Parle-nous de tes projets à venir

Je suis dans actuellement l’attente de mon atelier que je récupère d’ici peu, ce qui constitue un véritable tournant pour moi, un lieu entier consacré à la création de fresques et de mosaïques. Je postule pour plusieurs salons, ce qui me permettrait de partager mon travail à un publique plus large. Bien sûr, l’idée d’une exposition solo est présente, j’aimerais qu’elle se réalise dans un futur proche. Tout un monde d’opportunités nouvelles semble s’ouvrir ! 

Qu’est-ce qui fait la particularité de tes créations ?

La particularité de mon travail s’appuie sur l’emploi de techniques antiques que je détourne dans une constante recherche d’expérimentation et d’appropriation contemporaine. Mais également sur les ambiances imaginaires que je tente de mettre en place afin de créer des pièces toujours plus immersives et apaisantes pour le spectateur. Il ne s’agit plus seulement de décoration d’intérieur mais bien d’œuvres s’inscrivant dans une dimension méditative.

Quel objet insolite pourrait-on trouver dans ton atelier ?

L’objet insolite de mon atelier serait sans doute une très large collection de thés. Le carburant indispensable pour une journée d’atelier !

Petit défi : 3 mots pour décrire ou définir tes créations

Sobriété, matières, paysages méditatifs

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