Grisel Delgado, une artiste ensoleillée

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Un peu de soleil en ces premiers jours d’automne. C’est avec Grisel Delgado que nous avons rendez-vous. Une artiste Salvadorienne passionnée d’art et d’artisanat. Fière de ses origines, elle nous dévoile quelques secrets de son quotidien d’artiste.

Retrouvez en exclusivité, son histoire, ses inspirations et des clichés exclusifs.

Es-tu née artiste ?

Oui, sans aucune prétention je pense que je suis née avec une fibre artistique très forte. Mais à cette époque, pour une fille et dans mon pays natal il était hors de question de suivre une formation artistique. Donc j’ai été orientée vers des études universitaires « classiques ». En l’occurrence Sciences Eco. Pour mon père le choix était simple Sciences Eco ou Sciences Eco ! Hors de question de lui désobéir donc j’ai obtenu ma maîtrise de Sciences Eco à Lyon II. 

As-tu suivi en parallèle une formation artistique ?


L’attrait pour tout ce qui était artistique était trop fort et en cachète j’ai fréquenté le baccalauréat artistique et tout particulièrement la section poterie. J’adorais le contact avec la terre, l’ambiance des ateliers, façonner au colombin des pièces, les oxides, les cuisons au bois et tout ce que j’ai pu apprendre pendant cette période là. Période qui s’est arrêtée net quand ma mère a découvert à quoi j’occupais mes après-midi!

Grisel Delgado dans son atelier extérieur. Elle applique de la résine sur cette lampe et laisse sécher naturellement au soleil.


Au Salvador j’ai fait une année à l’université et en tant qu’auditeur libre. Je fréquentais l’atelier de dessin et peinture, réservé essentiellement aux étudiants d’architecture. 
Je n’ai pas pu finir mon année universitaire car l’université a été fermé. C’étaient les prémices de la guerre civile qui a éclatée et qui aura durée 10 ans. Dans ce contexte, ma mère qui vivait au Salvador et mon père qui habitait à Genève ont décidé que je quitte mon pays. 
Et c’est ainsi comme un 23 avril 1976 agrippée à ma peluche d’enfance, le cœur en miettes je me suis retrouvée dans un avion direction Genève. 

Du Salvador à Genève … est-ce-que l’art t’a aidé dans ce changement de vie ?


La seule consolation a été ma belle mère qui adorait faire du tricot et du crochet. Donc j’ai changé le contact de la terre et des pinceaux pour l’aiguille à crochet. Je pense avoir été la seule à faire du crochet pendant les cours de Sciences Eco. Ça me permettait de me mettre dans ma bulle et de me concentrer… sur les cours un peu abstraits mais néanmoins intéressants ! 
Après pendant ma vie d’adulte j’ai pu mener une vie professionnelle et m’adonner à ma passion pour l’art. Une formation en tant qu’auditeur libre à l’Ecole des Beaux Arts d’Avignon. J’ai travaillé avec Pierre Cayol, un peintre reconnu dans notre région qui a été pour moi un père artistique. 
Les aléas de la vie ont fait que ma source d’inspiration pour la peinture s’est arrête suite à un changement de vie. Pendant une longue période je n’ai rien pu produire. 


J’ai retrouvé peu à peu le goût et alors que j’aimais. Travailler des grandes toiles. J’ai recommencé avec des petites réalisations et c’est comme ça que j’ai commencé à faire des bijoux. 
Ensuite, j’ai découvert la technique du crochet avec des fils de cuivre. Je l’ai utilisé pour les bijoux. Après, voulant faire un travail plus important (au niveau de la taille), j’ai créé des lampes avec cette technique. 
J’ai retrouvé aussi mon goût pour la terre. Je ne fais pas de poterie bien que j’habite un village de potiers, mais je travaille des résines très maléables pour faire des bijoux. 
Ainsi, après un parcours de bientôt 63 ans de vie, je peux dire que je suis née avec une fibre d’artiste. 
J’ai enfin la liberté de m’exprimer. Les journées sont courtes pour faire tout ce que je voudrais faire.

Quelles sont tes sources d’inspirations ?

Ma source d’inspiration actuelle est le travail de Ruth Asawa
J’admire son parcours de vie, ses grandes installations et ses dessins très graphiques. 
J’aime son travail et je voudrais un jour pouvoir faire au moins une grande installation, revue et corrigée à ma sauce ! 
J’adore aussi me balader dans mon village, Saint Quentin la Poterie. Le travail de la terre m’inspire beaucoup. Ces ateliers, les pièces qui sèchent au soleil, le travail de tournage… j’adore voir et sentir cette ambiance au quotidien. 


Actuellement je travaille avec l’Atelier A où Agnes qui façonne la porcelaine. Elle fabrique la base des lampes et moi je prends le relais au crochet. Nous avons encore quelques points techniques à revoir mais nous sommes dans la bonne voie. 
Une autre source d’inspiration actuelle c’est le Salvador. Heureusement j’ai la possibilité maintenant de passer de longues périodes là bas. La nature environnante est tellement belle, luxuriante, variée. Les tons de verts, les couchers de soleil sont tellement beaux, la mer est majestueuse, bref c’est une source d’inspiration inestimable. 
Je peux vous dire aussi qu’il y a des grands artistes qui m’ont marquée et inspiré. Comme: Modigliani, Braque, Matisse, Gauguin, Klimt, Giacometti. Ce sont des Maîtres et ils sont toujours dans un coin pas très loin de ma mémoire. 

Tu fabriques actuellement des bijoux et des luminaires, as-tu d’autres projets à venir ?

Pour l’instant je voudrais continuer avec les luminaires sur deux axes. L’un avec le crochet aux fils de cuivre que ce soit le seul matériel ou bien en l’associant avec la céramique fabriqué à Saint Quentin. Et l’autre avec des fibres naturelles comme le rotin et le raphia par exemple. Nous avons un savoir faire extraordinaire au Salvador et je voudrais travailler en collaboration avec les artisans de là-bas. Mon problème c’est justement que je voudrais toucher à tout. À ce stade de ma vie, je voudrais plutôt concentrer mon énergie à ces deux activités. Nous envisageons, ici à Saint Quentin ,pour l’année prochaine de faire une exposition des lampes et lampes mariées à de la porcelaine. Je voudrais aussi que des artisans salvadoriens puissent exposer en France. C’est un projet qui me tiens à cœur, qui demandera beaucoup de temps et d’énergie mais que je voudrais réaliser.

Et si tu pouvais choisir un super pouvoir ! Lequel et pourquoi ? 

Je voudrais avoir 4 mains et une énergie comme à 30 ans pour faire tout ce que je voudrais encore faire !

Plutôt pupusas* ou ruguas* ? 

J’adore las pupusas !!! Au Salvador je ne mangerais que des tortillas ou de pupusas !!! Nous avons aussi les tamales!!! 
Rien que d’y penser j’ai l’eau à la bouche 🙂

*spécialités culinaires salvadoriennes 

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One Reply to “Grisel Delgado, une artiste ensoleillée”

  1. Bravo Grisel!!! Chapeau ma belle!!! 🎩💕🌸

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